Mathieu Lucas (Hien) , est un artiste plasticien multidisciplinaire d’origine nantaise issu des cultures urbaines et des arts graphiques. Installé à Montpellier depuis une dizaine d’années, il opère dans son œuvre à une synthèse parfaite entre sculpture et peinture, graphisme et narratif. Il apprivoise et maîtrise de nombreuses techniques : Résines, polyuréthane, peinture, impression 3D, qui successivement rythment ses mises en scène. Elles sont teintées de finesse et de brutalité, un contraste sur fond minimaliste qui se marie parfaitement aux thèmes de prédilection de Mathieu LUCAS. Des tableaux en volume, composés de scènes miniatures où figurines, jouets, déchets, matériaux divers et aérosol cohabitent au bon vouloir de l’artiste pour nous offrir une scène issue de son imaginaire. C’est avec poésie et harmonie qu’il dépeint, ou plutôt construit, une image qui traduit la fragilité de l’humanité et l’état d’urgence de notre planète : la pollution des mers, l’extinction des espèces, la fonte des glaces, les manipulations génétiques, les guerres, migrations et le transhumanisme -, des créations tristement magnifiques.
Le rôle de l’art est de nous faire voir autrement, Mathieu LUCAS remplit parfaitement cette case puisqu’à travers un jeu d’échelle miniature, il s’amuse à réveiller notre âme d’enfant en nous montrant notre environnement sous un angle inédit. Ses scènes semblent avoir été capturées au drone, elles proposent toujours un regard « à vol d’oiseau», vue du dessus. Comment ne pas évoquer cette référence à la position de caméra des jeux vidéo d’aventure rétro où la vue située en hauteur permettait de représenter d’immenses environnements, idéale pour les grandes épopées. Une épopée qui, dans l’univers de Mathieu LUCAS, n’annonce pas d’ « happy end ». Cette proposition de vue en hauteur et format miniature est-elle un moyen pour l’artiste de nous faire témoin de la scène et de nous demander de se faire petit face au monde que nous laissons à nos jeunes générations ? Donne-t-il au spectateur la place d’un Dieu, qui aurait ce regard de narrateur omniscient, voyant sa création se dégrader sous l’emprise de l’Homme ? A la fois en retrait et engagé, Mathieu LUCAS donne accès à son imagination. C’est au spectateur de s’en emparer. Il semble interroger : « quelle valeur donnons-nous aux images ? ». L’avenir qu’il semble dépeindre sur ses tableaux nous alarment-elles suffisamment pour changer nos habitudes assassines ? Face à son travail, nous nous délectons visuellement. L’artiste respecte alors les dogmes de la peinture classique qui se veut esthétique et pourtant il hérite à la fois d’une approche plus conceptuelle voire mentale de l’art abstrait.

Sa signature est un personnage en combinaison, modélisé et imprimé en 3D. Ce dernier n’a jamais de visage, il est présent dans de nombreuses scènes, déambulant dans le triste paysage, laissant le spectateur s’interroger sur son rôle : en est-il l’acteur ou la victime ? Une invitation de l’artiste à s’identifier ou se distancier de cette figure emblématique de l’Anthropocène. Ces personnages illustrent la peur, la tragédie des catastrophes naturelles et rappellent à la fois ces costumes de la culture populaire, ceux des productions de science-fiction qui nous ont marqués (Stranger Things, Chernobyl, Alien, E.T, etc.). Exagération, mutations des espèces, tragédies, absurde, destruction des écosystèmes, troisième genre : bien qu’ils évoquent un monde futuriste ou lointain (très lointain), il semblerait qu’aujourd’hui, nous vivons bel et bien ces scénarios imaginés et orchestrés par les artistes d’il y a quarante ans. George Lucas lui-même (la saga Star Wars, 1977) n’avait-il pas en tête de nous démontrer l’immensité des problématiques de notre Terre au travers de maquettes et mondes miniatures issues de son imaginaire ? Hien joue d’ailleurs subtilement avec l’absurde, en intitulant ces œuvres de manière sarcastique : Carte Postale pour cette œuvre qui présente une femme bronzant paisiblement sur la plage, situation en accord avec son titre si les déchets humains ne recouvraient pas la totalité du paysage marin. Ce constat lucide sur le futur est aussi angoissant qu’excitant, puisque la curiosité de l’artiste à découvrir les nouvelles technologies et avancées humaines qui permettront à notre monde de se refaçonner se fait clairement ressentir dans son travail. Sans prêcher ni culpabiliser, Mathieu LUCAS s’engage et offre une lecture esthétique et désinvolte d’une réalité glaçante, à l’image de sa génération.

D’après Lodi LEBON

Mathieu Lucas (Hien), is a multidisciplinary plastic artist of Nantes origin from urban cultures and graphic arts. Installed in Montpellier for ten years, he operates in his work at a perfect synthesis between sculpture and painting, graphics and narrative. He tames and masters many techniques: Resins, polyurethane, painting, 3D printing, which successively punctuate his staging. They are tinged with finesse and brutality, a contrast against a minimalist background that blends perfectly with Mathieu LUCAS ‘favorite themes. Volume paintings, composed of miniature scenes where figurines, toys, waste, various materials and aerosol coexist at the artist’s goodwill to offer us a scene from his imagination. It is with poetry and harmony that he depicts, or rather constructs, an image that reflects the fragility of humanity and the state of emergency of our planet: the pollution of the seas, the extinction of species, the melting ice cream, genetic manipulation, wars, migrations and transhumanism – sadly magnificent creations.
The role of art is to make us see differently, Mathieu LUCAS fills this box perfectly since, through a miniature scale game, he enjoys waking up our child’s soul by showing us our environment from a new angle. . His scenes appear to have been captured with a drone, they still offer a bird’s-eye view from above. How not to evoke this reference to the camera position of retro adventure video games where the view from above allowed to represent immense environments, ideal for great epics. An epic which, in the universe of Mathieu LUCAS, does not announce a « happy end ». Is this proposal for a view in height and in miniature format a way for the artist to make us witness the scene and to ask us to face the world that we are leaving to our younger generations? Does he give the viewer the place of a God, who would have the gaze of an omniscient narrator, seeing his creation deteriorate under the influence of Man? Both withdrawn and engaged, Mathieu LUCAS gives access to his imagination. It’s up to the spectator to seize it. He seems to be asking: « what value do we give to images? « . Does the future he seems to portray in his paintings alarm us enough to change our murderous habits? Faced with his work, we are visually delighted. The artist then respects the dogmas of classical painting which aims to be aesthetic and yet he inherits both a more conceptual and even mental approach to abstract art.

His signature is a character in combination, modeled and printed in 3D. The latter never has a face, he is present in many scenes, wandering through the sad landscape, leaving the viewer to wonder about his role: is he the actor or the victim? An invitation from the artist to identify with or distance himself from this emblematic figure of the Anthropocene. These characters illustrate fear, the tragedy of natural disasters and recall both these popular culture costumes, those from science fiction productions that have marked us (Stranger Things, Chernobyl, Alien, E.T, etc.). Exaggeration, mutations of species, tragedies, absurdity, destruction of ecosystems, third genre: although they evoke a futuristic or distant world (very distant), it would seem that today, we are indeed living these imagined and orchestrated scenarios by the artists of forty years ago. George Lucas himself (the Star Wars saga, 1977) had it not in mind to show us the immensity of the problems of our Earth through models and miniature worlds from his imagination? Hien also subtly plays with the absurd, by titling these works in a sarcastic way: Postcard for this work which presents a woman tanning peacefully on the beach, a situation in accordance with its title if human waste did not cover the entire surface. seascape. This lucid observation of the future is as distressing as it is exciting, since the artist’s curiosity in discovering new technologies and human advances that will allow our world to reshape itself is clearly felt in his work. Without preaching or blaming himself, Mathieu LUCAS is committed and offers an aesthetic and casual reading of a chilling reality, like his generation.

According to Lodi LEBON

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