Né à Rodez, Bault a gardé de son enfance rurale la connaissance précise des architectures végétales, des anatomies entomologiques, qu’il combine avec un art consommé de la greffe.
Bault étudie aux Beaux-Arts d’Avignon puis aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Outre le graffiti, qu’il pratique depuis 1997, il y expérimente l’art vidéo, le graphisme, l’illustration, disciplines qu’il exercera ensuite de nombreuses années.

Primitif moderne, Bault produit un univers peuplé de créatures chimériques où animaux, humains, machines et végétaux s’épousent et se mélangent dans des noces de couleurs saturées.
Célébrant la peinture rupestre, ces créatures magiques questionnent le subconscient de notre époque en mutation.

Profusion de fétiches, de grigris, de masques nourrissent ce monde, le créolisant. Clous, ficelles, vaisselle brisée s’agrègent à cette grammaire de l’hybridation, dont le projet est un tri
sélectif dans la masse du signifiant. Une peinture qui tend à l’objet, souvent tridimensionnelle, au langage brutal en relation avec le support, qui dialogue avec les Arts Premiers.

Témoin d’un darwinisme dégénéré, abâtardi par la mutation mécanique et la quête
d’augmentation, Bault nous livre ses chimères, nouvelles tribus aux usages mal polis, dont la
monstruosité trans-spéciste au clinquant tropical étonne par la générosité de leurs aberrations.
L’acuité et l’ironie dont témoignent ces oeuvres sont la traduction plastique d’un regard aiguisé sur les questionnements et les urgences qui agitent les sociétés contemporaines et leur
environnement.

Jean-Jacques Valencak

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